Le timbre, ce petit bijou de papier, recèle bien des mystères. De la sélection du thème philatélique à sa diffusion en passant par la technique d’illustration, nous vous proposons dans cet article de découvrir tous les secrets de conception d’un timbre. Plongée dans un objet d’acheminement qui s’est au fil du temps paré d’une dimension culturelle, sociale et artistique…
#1 – La demande d’émission
Les demandes d’émission de timbre sont chaque année nombreuses (près de 1 000 recensées en 2016). Elles émanent de sources très diverses : associations, élus, représentants officiels d’institutions, de syndicats d’initiative, artistes, familles d’artiste, particuliers…
Les thèmes proposés sont aussi variés : célébrer un personnage, commémorer un événement, marquer un anniversaire, valoriser un savoir-faire, une région, une culture… Ces demandes sont par principe adressées au ministre de tutelle de La Poste (ministre de l’Économie et des Finances), et sont ensuite transmises au PDG de La Poste. C’est Phil@poste qui a ensuite en charge l’organisation de la sélection des timbres ainsi que leur conception, fabrication et diffusion.
#2 – La recevabilité du timbre
Toutes les demandes d’émission de timbre ne sont pas examinées par la commission des programmes philatéliques, dont la mission est de proposer deux fois par an la liste des timbres du programme philatélique français. Pour être prises en compte, les propositions doivent respecter plusieurs critères : universalité du thème ou du personnage évoqué, lien avec la France, pas de personnalité vivante (il existe quelques exceptions liées à l’histoire – Napoléon III, Philippe Pétain – ou à des choix du public – Jean-Claude Killy, Carl Lewis, Simone Signoret…), pas de dimension commerciale…
#3 –Le choix officiel
C’est la commission des programmes philatéliques qui propose – deux ans à l’avance – les futures émissions parmi les demandes retenues. Elle est composée d’une vingtaine de membres : postiers, collectionneurs, négociants en timbres, responsables d’instances et d’associations philatéliques, personnalités du ministère de la Culture, de la société civile…
Chaque année à deux reprises, en juin et décembre, un arrêté ministériel de l’autorité de tutelle de La Poste (le ministère de l’Économie et des Finances) entérine les propositions de la commission. En moyenne, une cinquantaine de timbres est émise tous les ans.
#4 – L’illustration et la technique d’impression
Maquette du timbre : création originale, dessin, tableau, détail de tableau, mise en page… ? Technique d’impression : taille-douce, héliogravure, offset, numérique ou mixte… ? En fonction du thème, les équipes de Phil@ poste décident des types d’illustration et d’impression. Pour reproduire un portrait ou un château « Renaissance », la finesse de la gravure en taille-douce sera souvent privilégiée. Et pour obtenir un rendu de couleurs plus vif, l’option de l’héliogravure sera retenue…
Via son service de veille technologique, Phil@poste peut aussi choisir l’innovation. Comme récemment avec les timbres lenticulaires, en « braille », avec hologramme, odeur de gazon, goût de chocolat…
#5 – L’artiste
Pour les timbres en taille-douce, Phil@poste travaille avec une douzaine de graveurs (deux font partie des effectifs de l’imprimerie du groupe La Poste, les autres sont des artistes indépendants).
Le choix s’établit en fonction de l’expérience de chacun, des qualités qu’ils ont démontrées pour réaliser des portraits, des paysages, des bâtiments architecturaux… et des plannings de réalisation. Lorsqu’un artiste est sollicité (parfois suite à un concours) pour concevoir un dessin ou une mise en page, il propose plusieurs épreuves. Le choix final revient à Phil@poste, qui peut occasionnellement demander des modifications (par exemple l’ajout d’un élément apportant une précision historique).
#6 Les aspects administratifs et juridiques
Afin d’accompagner les artistes appelés à réaliser un timbre, les services de Phil@ poste réunissent des documents qui leur permettent de s’imprégner du thème abordé (les créateurs ont aussi toute latitude pour s’informer du sujet auprès de bibliothèques, sur internet…). Autre mission, menée par le service juridique de Phil@poste, établir les contrats avec les artistes, obtenir les accords des ayants droit…
#7 – L’impression
L’ensemble des émissions philatéliques françaises est traitée à l’imprimerie du groupe La Poste, un site de Phil@poste située à Boulazac, près de Périgueux (Dordogne). Une unité de production performante et très complète pouvant prendre en charge tous les types d’impression : taille-douce, offset, héliogravure, mixte et numérique. L’imprimerie réalise également des documents officiels pour l’Etat français et diverses entreprises. Elle conçoit aussi des timbres et des produits sécurisés pour plus d’une vingtaine de pays.
#8 – La promotion des timbres : les opérations « Premier jour »
Les manifestations « Premier jour » ou de vente anticipée marquent la date officielle de lancement d’un timbre. Elles sont organisées à Paris et dans des villes de province en lien avec son thème. Les associations philatéliques à l’origine de la demande d’une émission ou qui l’ont soutenue sont associées à ces opérations. En ces occasions, les artistes qui ont gravé et/ou dessiné les timbres se prêtent régulièrement à des séances de dédicaces.
Le 8 septembre 2016, lors d’une séance de dédicaces organisée au « Carré d’encre » à l’occasion de la sortie du timbre émis pour le centenaire de la naissance de Léo Ferré.
#9 – La diffusion
La diffusion générale de chaque timbre émis intervient au lendemain des opérations « Premier jour ».
Elle se déroule dans les bureaux de poste, à la boutique Le Carré d’Encre, à celle du Musée de La Poste, sur le www.laposte.fr/boutique, et également par correspondance, auprès du service client de Phil@poste.
#10 – La conservation
Après l’émission d’un timbre, les pièces « artistiques » liées à sa réalisation (poinçons de gravure, dessins, essais de couleur, bons à tirer…) sont versées par Phil@poste au Musée de La Poste. Classées, inventoriées et numérisées, elles sont conservées par le musée pour le compte de l’État et peuvent être présentées dans les collections lors d’expositions temporaires.
La réalisation d’un timbre n’a désormais plus de secrets pour vous ! Si vous vous intéressez à la collection et souhaitez partager vos trouvailles, l’Association Philatélique de Rueil-Malmaison sera ravie de vous accueillir pour échanger et partager autour de la philatélie.
Source : Culture Timbre, les infos philatéliques du Musée de la Poste (juillet 2017).