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Les timbres perforés ou les bannis de la philatélie

Les timbres perforés ou les bannis de la philatélie

Quelle pince de philatéliste n’a pas rencontré et serré un jour ou l’autre, lors de recherches ou de classements, un timbre qui comportait des ‘petits trous’. L’ensemble de ces trous représentant malgré tout soit des lettres, soit une figure géométrique, soit un dessin ou encore un chiffre. Ce sont donc nos fameux « timbres perforés ».

Par qui étaient effectués ses sévices à nos chers petits morceaux de papier dentelés ?

Les entreprises en avaient assez que leurs employés, à des fins personnelles, utilisent les timbres destinés à leur courrier commercial. Afin d’éviter ce détournement, elles trouvèrent ce moyen de marquer leur bien.

« Trouez les premiers Messieurs les anglais ! »

En effet, cette idée est venue d’Angleterre, en 1858, pour être appliquée en France dans les années 1870. Mais en France, en 1873, il était interdit de « mutiler » un timbre d’affranchissement sous peine de nullité, et de voir appliquer la taxe en vigueur pour un courrier considéré comme « pli non affranchi ».

Quelle est la période d’existence en France de ces timbres ?

En 1876, le 15 novembre, le Ministère des Finances autorise la pratique de perforation des timbres à la marque de l’entreprise, avec une rigueur entre autres : ne pas se situer sur la valeur faciale.

Pratique de protection que la Poste n’a pas toujours bien vérifiée, puisque l’on trouve des timbres perforés sur des courriers personnels ou encore mieux sur des cartes postales de vacances.

La loi du 6 décembre 1954 interdira définitivement la perforation des timbres, avec l’autorisation aux entreprises d’écouler leur stock de timbres déjà perforés.

Quels ont été les différents supports perforés ?

Bien sûr, en grande majorité sur les timbres-poste ordinaires (y compris roulettes et carnets), mais aussi sur les préoblitérés, les postes aériennes, les papiers timbrés, les colis postaux et les timbres fiscaux.

Des chiffres !

150 pays où administrations postales ont autorisé les timbres perforés. On compte de nos jours plus de 60.000 perforations dans le monde. Le premier pays est la Grande-Bretagne avec 24.000 perforations, suivie de l’Allemagne avec 12.000, les U.S.A. avec 6.000 et la France avec plus de 3.000. Ces chiffres sont des minimas, car il se découvre encore (mais de plus en plus rarement) des types de perforations non répertoriés.

La perforation des timbres !

Une machine spéciale à aiguilles était achetée par l’entreprise qui perforait elle-même ses timbres de différentes manières :

  • La première où la planche de timbres était perforée à plat dans le même sens et à l’endroit du logo
  • La seconde par pliages ‘vertical’ ou ‘horizontal’ afin d’obtenir une perforation multiple et éviter les manipulations. Ainsi, plusieurs timbres étaient perforés à la fois, ce qui a eu pour effet de donner des perforations à l’endroit, à l’envers, inversées ou tête en bas.
  • Et l’on peut en rajouter une troisième qu’on peut appeler « les ratés » et essais. Ce sera celle qui aura pour résultat des perforations doubles, à cheval ou encore partielles.

Que représentent ces perforations ?

Dans la majorité des cas, il s’agira de perforations de lettres (une et plus) séparées ou non par un point, reprenant pour la plupart les initiales de la société. Les entreprises à agences multiples (banques, compagnies de transport, assureurs….) ont différencié leurs agences par la hauteur des lettres, leur écartement, l’existence et l’emplacement du point de séparation, le nombre de perforations de chacune des lettres et leur graphisme. Si l’on prend comme exemple le « Crédit Lyonnais » ou toute autre banque qui doivent avoir plus de 50 types de perforations répertoriés, certains se retrouvent les mêmes dans plusieurs agences, d’où la difficulté de trouver celle qui est concernée à moins d’avoir le timbre sur l’enveloppe d’origine, ce qui nous donnera avec le cachet, la ville de départ.

D’autres entreprises ont utilisé les monogrammes : traits pointillés, animaux, main, triangle, dessins divers.

Profil du collectionneur !

Longtemps considérés comme des « deuxièmes choix » et détruits bien souvent parce que considérés comme des timbres sans valeur pendant des années, le « timbre perforé » a repris l’intérêt qu’il méritait auprès des philatélistes dans les années 1960.

Nous devons ce sursaut au colonel Leblanc dont la première liste de timbres français perforés est parue en 1963 dans le Monde des Philatélistes, mais aussi à l’Association Nationale des Collectionneurs de PERforés (ANCOPER) qui a édité ce qu’on peut appeler la « Bible des timbres perforés ». Cet ouvrage complet (faisant partie de notre bibliothèque associative) répertorie avec une exactitude sans faille les modèles (à l’échelle) de perforations françaises, leur taille, le nombre de perforation, les noms, adresses de l’émetteur, la période d’utilisation des timbres et un indice (estimation de la valeur) dont nous reparlerons.

Pour le collectionneur, il est impossible d’imaginer un instant la constitution d’une œuvre complète de ces timbres. Mais ces « perforés » sont des appuis et des compléments dans la présentation de thématiques : enveloppe affranchie avec une perforation en rapport avec le thème, la ville, la personnalité… que l’on met en page.

Le collectionneur peut opter d’axer son choix sur un type particulier de timbre (Merson, Semeuse, type Paix,…), sur une société ou un type d’activité, une ville, une région, la liste n’est pas limitative.

Pour ma part, je considère ces timbres comme des témoignages de l’histoire et de l’existence d’entreprises que l’on revit en fouillant à travers ‘internet’ pour savoir si elles existent encore de nos jours, leurs adresses différentes, et l’on s’aperçoit que certaines sociétés sont encore actives de nos jours notamment les établissements financiers, assureurs, bijoutiers, sociétés de transports, grands magasins…

Notons aussi que les « perforés » sur enveloppe sont plus difficiles à trouver que les timbres seuls, surtout sur un thème donné.

Exemples de quelques types de perforations du « Crédit Lyonnais »

La valeur de ces timbres !

Le catalogue ANCOPER affiche un indice donné à chaque référence de perforation. Cet indice est double, il comporte un chiffre et une lettre.

Le chiffre est un indice pour timbres ‘détachés’ qui va de ‘1’ pour les très communs à ‘9’ pour les très rares, la lettre pour timbres sur enveloppes qui va de ‘A’ pour commun à ‘F’ pour très rare.

A titre indicatif, le chiffre ‘1’ aurait pour valeur 0,20€, le ‘8’ de 12 à 20 €, et le « 9 » à des prix très variable à partir de 20 €, la lettre ‘A’ aurait une valeur de 1 à 3 €, le « E » de 12 à 18 € et la ‘F’ à partir de 18 €. Mais vous connaissez aussi bien que moi, la différence entre une cote donnée par un Yvert et Tellier et ce qui se pratique réellement aujourd’hui en dehors des négociants, de l’incidence de l’état et de la rareté de la pièce….

Il faut retenir une chose importante malgré tout, c’est que la valeur attribuée est fonction surtout de la qualité de la perforation au détriment de celle du support, il est évident que si les deux sont réunies, on peut en dégager une plus-value. Comme dans tout, que ce soit philatélie ou autre domaine, la rareté d’une pièce en fait sa valeur !

Le plus célèbre des timbres perforés pour le philatéliste ?

C’est sans nul doute, le timbre outremer de la Poste Aérienne « Avion survolant Marseille » n° 6a, qui fut émis à l’occasion de l’Exposition Internationale de la Poste Aérienne à Paris en 1930 perforé pendant la durée de cette exposition, dont un certain nombre ont été perforés : « E.I.P.A.30 ». Il est à remarquer que c’est le seul timbre perforé coté dans le catalogue Yvert & Tellier, cote qui avoisine les 900 € pour un timbre neuf et sans charnière. Cette perforation se retrouve aussi sur le n°5 de couleur carmin, beaucoup plus rare et moins connu cotant environ 5.000 €.

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