Pourquoi certains timbres de France ont-ils été imprimés tête-bêche ?
La présence des tête-bêche dans les feuilles de timbres n’a jamais été officiellement justifiée. Ils sont sans doute nés d’une erreur lors de la fabrication des planches d’impression : le typographe, en disposant les petits clichés correspondant à chaque timbre, en a mis quelques-uns la tête à l’envers. Il est indéniable que cette erreur de manipulation n’a pas été intentionnelle, car certaines valeurs n’ont pas été affectées par cette variété.
Pour quelle raison ces erreurs d’impression n’ont-elles pas été corrigées ?
Les clichés étant soudés les uns aux autres, il aurait été nécessaire de casser la planche puis de la réparer. Mais pourquoi se lancer dans une opération aussi complexe, alors que les timbres étaient destinés à être débités un à un ? La philatélie n’en étant qu’à ses balbutiements, personne ne pouvait imaginer à l’époque que les timbres tête-bêche acquerraient un jour une grande valeur.
Un franc rouge-brun (n°6A). Paire tête-bêche oblitérée grille sur enveloppe recommandée de Angers pour Dôle. Affranchissement à 2F correspondant au double du tarif pour une lettre du 3e échelon (lettre de 15 à 100g). Cette pièce exceptionnelle est proposée aux enchères dans la vente du 17 au 22 juin 2024 de la maison David Feldman (lot 40055).
Les tête-bêche sont-ils une spécificité de la philatélie française ?
La France n’est pas le seul pays à avoir imprimés des tête-bêche non intentionnellement. Mais avec un total de dix-huit valeurs concernées, elle détient (et de loin) le record du nombre. Par exemple, l’Espagne ne compte que deux tête-bêche pour la période classique ; les anciens Etats italiens deux ; les anciens Etats allemands seulement trois. Quant à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, ils n’en ont… aucun.
Connaît-on le chiffre de tirage de chaque tête-bêche ?
Pour la plupart d’entre eux, oui, grâce aux études réalisées par des philatélistes érudits. Nous vous fournissons ci-dessous les résultats de leurs recherches, particulièrement intéressantes, car elles montrent que les tête-bêche les plus rares ne sont pas nécessairement ceux des timbres dont la cote est la plus élevée à la pièce.
Combien de paires tête-bêche sont-elles parvenues jusqu’à nous ?
Les timbres de la période classique étaient en général débités à l’unité car ils correspondaient tous à un tarif bien précis. Dans ce contexte, la très grande majorité des paires tête-bêche ont été séparées au moment de la vente par les guichetiers. Si l’on prend en compte les destructions ultérieures, il est probable que pas plus de 1 % d’entre elles ne subsistent aujourd’hui. Le cas du n°2 (Cérès 15 c. vert) est à ce sujet emblématique : sur un tirage de 6 110 exemplaires, il n’en subsiste… qu’un seul, de surcroît défectueux, oblitéré sur lettre.
Existe-t-il de fausses paires tête-bêche ?
Bien entendu. Le cas le plus fréquent consiste à prendre deux timbres et à les coller côte à côte, en coupant les marges latérales dans l’épaisseur du papier et en les recollant. Certains faussaires ont même créé des paires tête-bêche n’ayant jamais existé, par exemple avec des timbres de l’Emission de Bordeaux.
Que faut-il penser de la paire tête-bêche du n°6A sur lettre proposée dans la vente de la maison Feldman du 17 au 22 juin ?
Il s’agit d’une pièce exceptionnelle à tous égards. D’une part, parce que le tête-bêche concerné est celui du n°6, dont le tirage est parmi les plus faibles (7 172 exemplaires). D’autre part, parce que les timbres ont été imprimés dans la nuance rouge-brun (6A) et que leur état de conservation est remarquable : oblitération nette et marges parfaites. Le tête-bêche de la nuance rouge-brun n’étant pas connu en neuf, il s’agit d’une des grandes raretés de la philatélie française.
A lire :
- L’unique collection des tête-bêche de France, Michel Melot, Timbroscopie n°57, avril 1989.
- Les tête-bêche, Marc Brynhole, Timbroscopie n°105, septembre 1993.
Source : Calves